A la découverte d’une transhumance au milieu des rennes en Suède

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Récit d’une de ces transhumances qui a lieu sur les hauts plateaux en Suède

Nous sommes partis sur les coups de 3 heures du matin, pleins phares dans la nuit. Derrière le 4×4 de , la remorque chargée de nos deux moto-neiges sautait sur les nids de poules et les crevasses de la piste. Nous avions de la route à faire, plein nord vers les hauts plateaux de la région de Funäsdalen où nous devions retrouver M., un jeune Sami avec qui nous devions passer la journée.

Pendant le trajet, il me tenait au courant du programme : « Il va falloir rabattre le troupeau de rennes vers le nord. Au début du printemps, le peuple Sami effectue cette petite transhumance vers les montagnes pour que les bêtes trouvent le lichen dont ils se nourrissent. » Les Sami sont l’un des plus grands peuples indigènes d’Europe. L’une de leurs activités traditionnelles est l’élevage de rennes, dont les troupeaux vivent en semi-liberté sur les grands territoires de Norvège, Suède et Finlande. Aujourd’hui, la majorité des 20 000 Sami suédois vivent à Stockholm et travaillent dans des bureaux, mais un petit pourcentage garde vivant l’héritage culturel.

Une transhumance des rennes qui a évolué

Il y a encore quelques années, la transhumance des rennes étaient effectuée avec les moyens du bord : à pied, en raquettes, en traineau à chiens… Rien à voir avec les techniques modernes : Markus et son ami sont arrivés sur deux moto-neiges rutilantes. Un détail : la peau de renne, étalée et solidement attachée sur le siège de cuir, seul témoin de leur appartenance ethnique. A 5h30, nous étions déjà en selle, à pied d’œuvre. C’était la première fois que je conduisais un moto-neige, . Une demi heure plus tard, nous avions atteint le sommet d’une petite butte, sur le plateau, d’où nous pouvions apercevoir, à la jumelle, les taches beiges du troupeau de rennes.

Le soleil se levait à peine au-dessus de l’horizon dégagé, il faisait un froid de canard… Toute la journée, nous avons poussé les rennes vers le nord, en traversant, à motoneige, des rivières en pleine débâcle qui charriaient de gros morceaux de glace. C’était la période de la mise-bas : les petits, à peine sortis, se dressaient fébrilement sur leurs pattes et suivaient le grand troupeau. Quelques secondes d’existence et déjà en marche !

A midi, nous nous sommes arrêtés au beau milieu du plateau pour casser la croûte, sur un terrain sec et sans neige. Viande de renne séchée au menu, petit feu de bois de bouleau pour se réchauffer, on est resté là pendant une heure, à surveiller du coin de l’œil le troupeau de quelques centaines de bêtes que nous suivions depuis ce matin. Pendant la pause sieste, le guide se lève pour rameuter un groupe de rennes qui dérive vers le sud …